La maison new age de José Bové

Publié le par Adriana EVANGELIZT

La maison new age de José Bové
par Raphaëlle Bacqué
 
 

Le permis de construire n'a pas été facile à obtenir. La première lettre de l'architecte-conseil de la direction de l'équipement a même franchement jeté un froid : "Votre projet ne s'inscrit pas dans l'architecture vernaculaire du Larzac." Il fallait presque tout modifier.

José Bové et sa compagne, Ghislaine Ricez, ont protesté. Pour finir, un fonctionnaire parisien est venu voir sur place à Montredon (Aveyron). Une heure et demie de route depuis Montpellier. Froid mordant l'hiver. Deux habitants au kilomètre carré sur le causse. Pour la circonstance, on avait aussi fait venir le maire du coin, "un bon copain". Et Patrick Ballester, l'architecte pressenti, adepte de la philosophie bouddhiste, ordonné "moine bodhisattva" et écologiste convaincu. Là, juste au-dessus des terres à brebis, dans ce maquis de buis et de chênes verts, l'architecte-conseil de la direction de l'équipement a eu droit à un petit cours.

Il a vu défiler le Larzac des années 1970 avec ses grands rassemblements contre l'extension des terrains militaires. La bergerie de la Blaquière, reconstruite illégalement mais inaugurée en grande pompe par Michel Rocard juste après la victoire de la gauche. On lui a raconté la poignée d'éleveurs qui se réinstallent et les quelques citadins qui tentent de devenir paysans. Et puis "l'architecture vernaculaire du Larzac", les maisons remontées par ces militants chevelus et objecteurs de conscience. "A la fin, ricane encore José Bové, l'expert a dit oui."

Le projet est à présent en passe d'être achevé. C'est une maison contemporaine en bois et en verre, montée sur pilotis. Un rêve d'habitat new age qui fait irrésistiblement penser aux maisons des bobos de la Côte ouest des Etats-Unis et du Canada. On y parvient au bout d'un sentier de caillasses, quelques dizaines de mètres après avoir laissé la ferme, le gîte attenant, loué pour les vacances, la petite fabrique de fromage ou s'affinent de grosses tommes de brebis un peu fades et la grange de pierre où sont exposées les affiches de l'âge d'or militant du Larzac. Au loin, on aperçoit le mont Aigoual, le mont Lozère et le plateau ardéchois.

José Bové se tient debout devant son chantier. En short et sandales de cuir. La moustache reconnaissable et le tutoiement facile. Depuis le 15 mai, il y travaille presque tous les jours avec l'aide des amis qui passent. "Et quand je ne suis pas sur le chantier, c'est que je fauche des champs de culture OGM", s'amuse-t-il.

La maison est 100 % écologique. Murs en épicéa, gouttières de cuivre, aucune peinture chimique, aucun vernis polluant. L'entreprise de construction Nature et Habitat, fondée par l'architecte Patrick Ballester, importe presque tous ses produits d'Allemagne, largement en avance sur la production de ces matériaux naturels que la France, avec ses grands groupes de construction industriels, néglige. Toutes les pièces de bois sont prédécoupées. On emboîte, on visse. Il n'y a pas un clou. "C'est un chantier sans bruit", se félicite Bové. Ces derniers jours, il termine de monter les fenêtres. Bientôt, on achèvera l'isolation en liège des cloisons. Puis on posera le "Fermacel", un genre de Placoplâtre composé de gypse naturel et d'ouate de cellulose. Enfin, on recouvrira de terre le toit végétal.

Au sol, entre les solives qui vont supporter le parquet, on a jeté des copeaux de liège pour l'isolation thermique. Des panneaux solaires assureront la production de 40 % de l'eau chaude. Le chauffage sera fourni par un gros poêle à granulés de bois. Les WC fonctionnent sans eau. On jette de la sciure et on vide régulièrement soi-même le contenu du grand réceptacle dans un container à compost. "Garanti sans odeur et recyclage maximum", sourit Bové. La maison sera habitable, "disons, dans deux ou trois semaines, calcule Ghislaine, mais au début, il est probable que nous camperons un peu".

José Bové et Ghislaine Ricez laisseront en tout cas sans regret les maisons en pierre, sombres et froides, du hameau, où vivent une vingtaine de personnes. Depuis longtemps, déjà, Ghislaine voulait un foyer clair et chaleureux. "Mais on a d'abord cherché le meilleur emplacement pour le faire", dit-elle. Le couple a donc passé des heures à regarder les points de vue, assis au pied d'un arbre, debout sur un promontoire, observant les endroits favoris des brebis. "C'est souvent un bon indice : là où les brebis choisissent de passer la nuit, là tu construiras ton lit", énonce gaiement José Bové. Les Romains, assure M. Ballester, observaient déjà le foie de leurs animaux, et, s'il était sain, construisaient la maison sur l'herbage où ils broutaient. Le site, tout près finalement de l'endroit où José Bové s'installa en 1976, a donc été le point de départ. Il y a une belle vue sur le causse, des chênes et des lilas, un gros rocher qui émerge.

L'architecte a fini de donner à l'endroit un petit côté mystique. "Je suis venu faire une étude de terrain, avec mes baguettes et mes pendules, explique Patrick Ballester. Avant de construire, j'étudie toujours le magnétisme, les courants telluriques, les défaillances tectoniques. Dans un terrain magnétiquement bien équilibré, on aura une meilleure santé." Le terrain convenait. On a donc dessiné les plans. Peu de débats sur le nombre de chambres. A 53 ans, José Bové va bientôt être grand-père, mais il voulait surtout avoir un bureau clair et agréable. De fait, la pièce semble être le clou de la maison : en mezzanine, avec terrasse attenante et mur vitré. De quoi rédiger en toute sérénité ses libelles antilibéraux.

Pour finir, la maison comprend, sur 110 m2 et trois niveaux, une grande pièce à vivre orientée sud-est, avec une terrasse la longeant entièrement sur deux côtés, une cuisine américaine et un cellier au nord, deux chambres, un dressing-room, une salle de bains, le grand bureau, un toit végétal où l'on plantera "de belles plantes pour voir les saisons défiler, mais pas de marijuana, parce que c'est interdit", plaisante José Bové. Le budget ? Environ 1 000 euros le mètre carré la maison brute. "Presque une maison Borloo, hein ?", lance notre hôte, mi-rigolard, mi-sérieux, déjà prêt à reconstruire des kilomètres de banlieues sans "ces matériaux polluants qui provoquent des allergies aux enfants".

"En attendant, on va aller déjeuner", propose gentiment Ghislaine. Direction, La Jasse du Larzac, un restaurant associatif à une dizaine de kilomètres, qui sert d'excellentes saucisses grillées, de l'aligot et du vin bio. Il faut prendre en voiture la petite route - "elle a été goudronnée en 1985, l'année où nous avons été raccordés à l'eau courante. Mais il a fallu attendre encore deux ans pour l'électricité", explique José Bové - et longer une partie des derniers terrains militaires. Terres sauvages et forêt de pins. Au fond, en occupant ces terrains, l'armée n'a-t-elle pas en partie préservé cette nature rude ? "Ouais, eh bien je préfère maintenant y voir des brebis. L'été, ces abrutis foutaient le feu avec leurs exercices de tir", rétorque-t-il.

Après le tournant, derrière les arbres, on aperçoit le toit bleu d'une voiture. Les gendarmes. Le syndicaliste paysan attache sa ceinture, jusque-là oubliée. Et puis, non, c'est trop tentant. Il fait arrêter la voiture et descend voir ses meilleurs ennemis. Les deux gendarmes saluent la star du pays. Pas de problème avec "José". Mais la caravane de l'UMP, venue à Millau faire la promotion de Nicolas Sarkozy, va bientôt passer. Et ils ne voudraient pas que les syndicalistes de la Confédération paysanne, les anti-OGM, les défenseurs de sans-papiers, bref, tout ce que le coin compte de contestataires, viennent se mesurer aux militants UMP. "Les gendarmes ne sont pas méchants, ici, se félicite José Bové. Généralement, quand ils arrivent, ils sont éberlués, mais ensuite, ils s'installent et comprennent mieux le coin." Il y a quelques mois, l'un d'entre eux s'est approché pour lui serrer chaleureusement la main : "Tu ne te souviens pas ? C'est moi qui t'ai emmené à la prison de Villeneuve-lès-Maguelonne !"

Peut-il quitter tout cela pour courir une élection présidentielle ? Peut-il lâcher sa jolie maison, la ferme et ses deux associés, les copains et ce folklore de gendarmes qui sert son image d'Astérix populaire ? Ghislaine ne le veut pas. "Les attaques sont trop dures, dit-elle. Et puis, ils ne le laisseront pas." "José" suit tout de même au téléphone les réunions des Verts, de la LCR, d'Attac et de tous ces représentants de la gauche de la gauche qui rechignent à lui laisser porter seul le flambeau électoral.

Il hésite, cependant. S'il y va, il lui sera difficile de mener campagne de son bout de Larzac, comme il l'a fait jusqu'ici pour presque toutes ses grandes actions de leader paysan. "Nous n'avons pas l'ADSL pour Internet et on met des heures à envoyer trois mails, raconte Ghislaine, le portable passe dans la maison, pas sur la route." Il y a quelques semaines, le chanteur américain Peter Yarrow, star de l'ancien groupe des années 1970 Peter, Paul and Mary, est venu à Montredon. Il a cru devenir fou, incapable de se passer des moyens de communication modernes. Cela fait encore rire José Bové : "S'installer ici, c'est un choix de vie."

Sources : Le Monde

Posté par Adriana Evangelizt

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Bonjour je me prénomme nadia mère de 3 enfants. Je vivais à briouze avec mon mari, quand en 2018 il <br /> <br /> décida d'aller en voyage d'affaire à Bresil , où il tomba sur le charme d'une jeune vénézuélienne et ne <br /> <br /> semblait même plus rentrer. Ces appels devenaient rares et il décrochait quelquefois seulement et après du <br /> <br /> tout plus quand je l'appelais. En février 2019, il décrocha une fois et m'interdit même de le déranger. <br /> <br /> Toutes les tentatives pour l'amener à la raison sont soldée par l'insuccès. Nos deux parents les proches <br /> <br /> amis ont essayés en vain. Par un calme après midi du 17 février 2019, alors que je parcourais les annonce <br /> <br /> d'un site d'ésotérisme, je tombais sur l'annonce d'un grand marabout du nom ZOKLI que j'essayai toute <br /> <br /> désespérée et avec peu de foi car j'avais eu a contacter 3 marabouts ici en France sans résultât. Le grand <br /> <br /> maître ZOKLI promettait un retour au ménage en au plus 7 jours . Au premier il me demande d’espérer un <br /> <br /> appel avant 72 heures de mon homme, ce qui se réalisait 48 heures après. Je l'informais du résultat et il <br /> <br /> poursuivait ses rituels.Grande fut ma surprise quand mon mari m’appela de nouveau 4 jours après pour <br /> <br /> m'annoncer son retour dans 03 jours. Je ne croyais vraiment pas, mais étonnée j'étais de le voire à <br /> <br /> l'aéroport à l'heure et au jour dits. Depuis son arrivée tout était revenu dans l'ordre. c'est après <br /> <br /> l'arrivé de mon homme que je décidai de le récompenser pour le service rendu car a vrai dire j'ai pas du <br /> <br /> tout confiance en ces retour mais cet homme m'a montré le contraire.il intervient dans les domaines <br /> <br /> suivants<br /> <br /> Retour de l'être aimé<br /> Retour d'affection en 7jours<br /> réussir vos affaires , agrandir votre entreprises et trouver de bon marché et partenaires<br /> Devenir star<br /> Gagner aux jeux de hasard<br /> Avoir la promotion au travail<br /> Envoûtements<br /> Affaire, crise conjugale<br /> Dés-envoûtement<br /> Protection contre les esprits maléfices<br /> Protection contre les mauvais sorts<br /> Chance au boulot évolution de poste au boulot<br /> Chance en amour<br /> La puissance sexuelle.<br /> agrandir son pénis <br /> Abandon de la cigarette et de l'alcool<br /> <br /> voici son adresse mail : maitrezokli@hotmail.com vous pouvez l'appeler directement ou l 'Ecrire sur <br /> <br /> whatsapp au 00229 61 79 46 97
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P
J'apprécie votre blog , je me permet donc de poser un lien vers le mien .. n'hésitez pas à le visiter. <br /> Cordialement
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A
Monsieur Bové,J'ai envie de venir chez vous afin de detrure toutes plantations comme savez si bien le faire chez les agriculteurs ou dans les centres de recherche alors que c'est leur gagne pain et ce serait un excellent moyen de ne plus jamais utiliser des pesticides ce qui préserverait la nature, la je ne vous comprends  
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P
comprendre que les individus sont plongés dans des systemes de differences pas seulement economique et social,culturel aussi...Et que la reconnaissance est un lien humain plus ou moins factice pour donner le change,devrait engager les responsables sociaux a travailler avec des artistes et des professeurs.Les individus entre sympathie ou violence connaissent ils les raisons de leur choix.Entre la violence irreflechie qui impose sa realité,son climat et l'acceptation beate de tout mit sous la croyance du tout le monde il est gentil pour aller vers l'enjeu de composer avec l'ensemble ne nous dis ideologiquement rien de clairement traduisible.Comme j'ais bien aimé l'intervention de josé bové sur les européennes ,je me permets d'intervenir dans ce cadre d'echange ou je crois que l'on respectes le debat.Et si je m'adresse aux puissants de mon pays ce n'est pas comme le soupçonne boris cyrulnik pour les voler,mais les conseiller ,non pas que je sois machiavel dans une version post-moderne,en matiere de culture a creer pour l'articuler au champs social et aider le collectif français et plus largement a mieux comprendre notre rapport a la vie,a la dynamique de notre societé que l'on soit pauvre ou riche.Je crois meme qu'on doit pouvoir glisser les droits de l'homme dans cette argumentation.
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J
BONJOURJ AI MA COPINE VALERIE QUI EST FAN DE JOSE BOVE . OU PUIS JE TROUVER UNE PHOTO OU POSTER AVEC DECICASE POUR SON NOEL. MERCI BCP
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