Jacques Perreux, l'orthodoxe défroqué de José Bové

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Jacques Perreux, l'orthodoxe défroqué de José Bové

par Sylvia Zappi

Rien ne disposait ce communiste de 54 ans à devenir directeur de campagne de José Bové. Jacques Perreux, vice-président du conseil général du Val-de-Marne, préfère ses dossiers sur l'eau à la gestion d'une équipe aussi éclectique que celle du candidat altermondialiste. Il jure même qu'il ne voulait pas de ce poste. "Il fallait quelqu'un de présentable", raconte Christophe Aguiton, militant de la minorité de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), également engagé auprès de M. Bové. Et surtout, un homme capable de "mettre de l'huile" entre des personnalités aux intérêts politiques parfois divergents et aux ego remuants.

Il s'est donc accroché le symbole de la campagne Bové, un coquelicot rouge - "la fleur qui résiste aux pesticides", explique M. Perreux - au revers de son éternelle veste noire et a quitté son bureau du conseil général du Val-de-Marne pour prendre en charge l'organisation de la collecte des signatures. Trois semaines d'incertitude, de montage de bric et de broc pour parvenir à présenter 503 parrainages. "On n'est sûr de perdre que les batailles qu'on ne mène pas", s'amuse-t-il aujourd'hui.

Lui, en tout cas, n'a jamais douté de la "dynamique enclenchée" par M. Bové. Malgré les cafouillages, les départs de certains anciens "amis" antilibéraux, les sondages qui oscillent entre 1 % et 3 %... "Je ne suis pas un bovétiste, mais un communiste qui pense que cette candidature peut favoriser une vraie irruption des quartiers populaires dans cette campagne présidentielle", argumente-t-il encore.

Son parcours militant a pourtant longtemps été dans la stricte orthodoxie communiste. Fils d'un couple de boulangers normands, il adhère à la rentrée de 1968 après s'être fait renvoyer de son lycée. Son bac en poche, il embauche dans une usine de peinture de Vitry (Val-de-Marne) comme technicien de production, mais n'y reste que sept ans pour devenir permanent du parti en 1977.

Le jeune Perreux monte vite, très vite, dans l'appareil : directeur du journal Avant-garde, puis secrétaire général de la Jeunesse communiste (JC) pendant six ans, il gagne sa première élection en 1988 comme conseiller général. C'est alors un fidèle de l'appareil et de Georges Marchais. "Il était chargé comme moi d'appliquer la ligne du parti dans la JC", raconte le refondateur Pierre Zarka. Pendant ces années de reprise en main des organisations de jeunesse contre le courant de Charles Fiterman, il s'agissait de resserrer les rangs, et "Perreux n'avait pas d'états d'âme", se souvient un ancien. "Un lieutenant et un tueur", évoque un ancien responsable "déviant" de la JC. Lui évoque juste ces "années de camaraderie où on se fait des amitiés fidèles".

Le milieu des années 1990 marque ses premiers désaccords avec la ligne Marchais. Il devient rédacteur en chef du magazine Regards et appuie sans hésitation la ligne de "mutation" portée par Robert Hue. Puis, déçu par l'expérience de participation au gouvernement Jospin, se met en retrait. Il se plonge alors dans les problèmes de l'eau, découvre les altermondialistes lors des forums sociaux et fait la connaissance de José Bové lors du premier rassemblement du Larzac, en juillet 2000. Il est ainsi devenu autant écolo et antinucléaire que communiste convaincu, assure-t-il. Mais le parti et ses amis refondateurs ne le passionnent plus. Il en aura pourtant besoin lors du renouvellement de son mandat de conseiller général en 2008. "Je sais qu'on peut être communiste sans être au parti", répond-il, bravache.

Sources Le Monde

Posté par Adriana Evangelizt

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article