Bové prêt à assumer le rôle de candidat unitaire antilibéral

Publié le par Adriana EVANGELIZT

José Bové : "Je suis prêt à assumer le rôle de candidat unitaire antilibéral"

Propos recueillis par Sylvia Zappi
 

Pourquoi avoir décliné l'invitation des Verts à leur université d'été, qui a débuté jeudi 24 août, pour débattre avec Dominique Voynet, Nicolas Hulot et Corinne Lepage ?

J'ai décidé de n'aller à aucune université d'été et de privilégier le cadre unitaire de l'alternative antilibérale pour 2007. Tous les collectifs départementaux existant doivent se retrouver à Saint-Denis, le 10 septembre. Par ailleurs, je n'ai pas envie de servir de faire-valoir dans un débat confus en présence de certaines sensibilités écologistes se disant "apolitiques".

Mme Voynet entend incarner "tout le peuple écolo". Vous ne partagez pas cette ambition ?

Dominique Voynet a choisi de faire de la thématique écologiste un sous-produit du social-libéralisme. Avec mes amis de la minorité des Verts, je pense que la question de l'environnement est tellement centrale qu'elle ne peut se contenter d'un aménagement du système libéral et productiviste.

L'idée d'une candidature unitaire de la gauche antilibérale n'est-elle pas en train de patiner ?

Non, la dynamique existe sur le terrain militant avec plus de 300 collectifs de base. Il faut maintenant accélérer le processus. Et demander à certains courants politiques, qui en sont partie prenante, de clarifier leur position.

Le PCF n'a pas tranché entre l'alliance avec le PS, au risque d'y perdre son âme et même son organisation, ou l'unité des forces antilibérales, comme le souhaite majoritairement son électorat. La LCR, de son côté, affirme garder la porte ouverte à l'unité mais maintient la candidature d'Olivier Besancenot. Il est temps d'arrêter de jouer au chat et à la souris.

Veulent-ils, oui ou non, des candidatures unitaires, non seulement pour la présidentielle, mais aussi pour les scrutins qui vont suivre ?

Marie-George Buffet et Olivier Besancenot estiment chacun leur candidature légitime. Vous pensez être en meilleure position ?

Il est évident qu'un candidat unitaire à la présidentielle, voulant rassembler des courants politiques mais aussi syndicaux et associatifs, ne peut être le porte-parole de tel ou tel parti. Ce qui s'est passé le 29 mai 2005 avec la victoire du non au référendum l'a démontré : il y a une nouvelle donne citoyenne qui peut bouleverser les équations électorales classiques.

L'enjeu est d'incarner dans les urnes le mouvement contre la droite antisociale et pour une vraie alternative antilibérale. Reste à choisir le ou la candidate qui peut le mieux rassembler. Je suis prêt à assumer ce rôle dans une dynamique de victoire et pas seulement de témoignage, en menant une campagne collective qui tranche avec la logique de personnalisation.

Mais si c'est quelqu'un d'autre qui est choisi, cela ne me pose pas de problème ; je participerai à ses côtés à la campagne.

On vous reproche souvent d'être trop polarisé sur la lutte contre les OGM ou la malbouffe. Avez-vous un programme ?

C'est vrai que trente ans de syndicalisme paysan, ça forge un socle ! Mais avec la Confédération paysanne nous avons été les premiers à dénoncer les logiques de délocalisations dans le modèle néolibéral. Et il est évident qu'on ne pourra gagner des batailles sur la précarité, l'emploi ou les services publics sans remettre en cause certains accords internationaux.

Cela ne constitue pas un programme présidentiel avec des propositions sur l'emploi, le smic, la fiscalité...

Le collectif national pour une candidature unitaire travaille à une plateforme électorale. Parmi les mesures envisagées, il y a le smic à 1 500 euros, tout de suite, et la remise en cause des monstrueux écarts de revenus par la suppression des stock-options.

Sur l'emploi, il est impératif d'instaurer un nouveau statut du salarié qui assure une continuité contractuelle entre les périodes de travail et de chômage par la garantie de la rémunération et le maintien des droits sociaux. Cela doit s'accompagner d'un renforcement du contrôle des salariés sur la gestion de l'entreprise et un droit de veto pour les syndicats sur les délocalisations ou les OPA.

Enfin, il faut régulariser tous les sans-papiers en leur accordant un titre de séjour de dix ans. A-t-on oublié que l'Italie a régularisé 700 000 étrangers en 2003 et l'Espagne 600 000 en 2005 ? Et l'on accepterait de transiger aujourd'hui sur 30 000 sans-papiers dont les enfants sont scolarisés ? C'est indigne !

Le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, vient de critiquer le danger de la multiplication des candidatures à gauche.

Il faut un débat entre la gauche qui souhaite rompre avec la logique économique libérale et celle qui, finalement, n'a comme ambition que de l'aménager ; entre la gauche 100 % à gauche et celle qui lorgne vers le centre. Si nous réussissons l'unité des antilibéraux, nous pouvons créer un autre rapport de forces entre ces deux gauches. Et gagner ! Je comprends que cela puisse inquiéter le PS...

Sources : LE MONDE

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans Présidentielle

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