Les faucheurs fauchés

Publié le par Adriana EVANGELIZT

On arrête ou on fait payer aux faucheurs d'OGM des lourdes amendes alors que tout le monde sait à quoi s'en tenir avec ces plantes vénéneuses mais les voyous en col blanc qui sont au gouvernement, eux, sont tous relaxés. De toute façon, quand on lit l'article consacré à José sur le site du syndicat de la magistrature, on a tout compris. Ils ne mâchent pas leurs mots : "Cet acharnement pénal est diligenté par les parquets à l´égard des "délinquants de la solidarité", qui contestent des choix de société fondamentaux pour l´avenir, comme les cultures transgéniques ou la construction d´une Europe forteresse rejetant les étrangers."  ou encore "La sévérité des poursuites à l´encontre des "contestaires"a pour corollaire une justice d´une extrême lenteur et d´une grande clémence à l´égard des puissants. Alors que J.Bové est jeté en prison, JC Trichet, ex-gouverneur de la Banque de France, est relaxé le 18 juin, et nommé, deux jours après, président de la Banque Centrale Européenne. Dans l´affaire du Crédit Lyonnais, dont le trou financier vaut largement le déficit virtuel des caisses de retraites, le parquet n´a bien sûr pasfait appel de la relaxe de JC Trichet, sans doute pour ne pas gêner sa réinsertion professionnelle!" et pour bien enfoncer le clou : "Quant aux hauts fonctionnaires et conseillers ministériels de l´affaire du sang contaminé, ils ont eux aussi été relaxés au bout de 15 ans de procédure. Mais soyons sûr que s´il s´était trouvé, à l´époque, un José Bové pour détruire, au Centre National de Transfusion Sanguine, les poches du sang mortel pour les hémophiles, il aurait été immédiatement embastillé pour"dégradations volontaires", car qui détruit un oeuf est beaucoup plus criminel que celui qui détourne dix boeufs."  Et ce sont des hommes de loi qui écrivent cela... chapeau Messieurs, vous faites bien votre travail ! Et merci pour José.

OGM : Les faucheurs fauchés

par Renaud LECADRE


Condamnés à payer 300 000 euros, Bové, Lemaire, Mamère et d'autres risquent la saisie.

Le papier bleu est arrivé début février au domicile de José Bové, de Noël Mamère ou encore de Gilles Lemaire, entre autres «faucheurs volontaires» de maïs transgénique. Envoyé par les sociétés Monsanto et Biogema, fabricants d'OGM. C'est la stricte application de deux arrêts des cours d'appel de Toulouse et de Riom qui les ont solidairement condamnés à payer 300 000 euros de dommages et intérêts aux multinationales de la semence. Ces «commandements à payer» sont la dernière étape avant la «saisie vente» de leurs biens. Les anti-OGM se sont pourvus en cassation, mais cela ne suspend pas la procédure judiciaire.

Huissier. Gilles Lemaire, ancien secrétaire national des Verts, organisait hier une conférence de presse dans son minuscule appartement parisien, où il s'attend d'un jour à l'autre à recevoir la visite d'un huissier. On se prend à recenser des biens de valeur : une solide table en bois, une demi-horloge, une collection de Guide du routard, un réfrigérateur faisant office de cave à vin... Tout le monde se case tant bien que mal dans la maison de poupée. «Nous sommes un peu à l'étroit, il y a encore trop de meubles», rigole Lemaire. José Bové, encore plus bravache : «Il n'est pas question de payer quoi que ce soit, on ne leur donnera pas un sou.» Le leader paysan attend «de pied ferme» les huissiers de Monsanto & Cie en sa ferme du Larzac : «S'ils veulent saisir mes chèvres, il faudra d'abord qu'ils parviennent à entrer chez moi.» Lors d'une précédente procédure, la gendarmerie avait dû pénétrer par hélicoptère pour contourner le bouclier humain. Cette fois, Bové suggère qu'on envoie le Clemenceau. Leur avocat, Me Roux, promet une «guérilla judiciaire» pour échapper aux saisies. «On sait les mener», dit-il, en souvenir d'anciens combats au Larzac, des fermes saisies par l'armée changeant successivement de propriétaire en cours de procédure.

Des faucheurs d'OGM ­ parfois les mêmes ­ viennent pourtant bénéficier de deux relaxes prononcées en première instance par les TGI d'Orléans et de Versailles, pour des faits strictement identiques. Gilles Lemaire ironise sur cette loterie judiciaire : «J'ai participé à l'opération sanctionnée par la cour de Riom car j'étais alors en vacances au Larzac et des paysans locaux m'ont entraîné. Si j'étais resté à Paris, j'aurais participé au même moment à l'opération pour laquelle le tribunal de Versailles a relaxé tout le monde.» Noël Mamère, député vert également condamné, en profite pour affirmer que «les délinquants sont les semeurs, avec le gouvernement comme complice». Il s'en prend à la future loi OGM, débattue en mars au Parlement, qui va durcir les sanctions contre les faucheurs : cinq ans de prison avec sursis, ferme en cas de récidive. Bové en rajoute : «On a affaire à une mafia avec un gouvernement à sa solde. Ils attaquent par tous les bouts ceux qui empêchent leur business.»

Instrument. L'entreprise Biogema vient ainsi de déposer une plainte pénale à Riom (Puy-de-Dôme) contre l'ensemble des faucheurs pour «association de malfaiteurs». Une application de la loi Perben 2, présentée à l'origine comme un nouvel instrument de lutte contre les mafias de banlieue, qui permet de larges écoutes téléphoniques. Au tribunal administratif, Biogema réclame également 25 millions d'euros de dommages et intérêts à l'Etat français pour avoir trop longtemps tardé à sanctionner les anti-OGM. A entendre ces derniers, 2006 sera l'année de vérité, car «les firmes veulent passer en force et casser le mouvement des faucheurs». D'un côté, l'Union européenne menace de condamner la France si elle ne traduit pas d'ici à l'été en termes législatifs sa directive sur les tests en plein air ; de l'autre, la Cour de cassation devra statuer d'ici à la fin de l'année sur les jugements contradictoires concernant les faucheurs.

Une course de vitesse est engagée : le mois dernier, Monsanto a fait saisir les comptes bancaires de la Confédération paysanne ; en retour, le syndicat de José Bové lui promet de «nouvelles formes d'actions».


Sources : LIBERATION

Posté par Adriana Evangelizt

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