Un candidat condamné, c'est une première
José Bové : "Un candidat condamné, c'est une première"
Le candidat à la présidentielle a vu sa sanction de quatre mois de prison ferme confirmée par la Cour de cassation. Il livre ses impressions à Metro.
José Bové, candidat à la présidentielle, a été définitivement condamné à quatre mois de prison ferme hier, par la Cour de Cassation, qui a rejeté son pourvoi. Un juge d’application des peines doit préciser prochainement les modalités d’application de la peine. Avec sept autres militants, l’ancien leader de la Confédération paysanne avait été condamné le 15 novembre 2005 par la cour d'appel de Toulouse pour l'arrachage de maïs transgénique en juillet 2004 à Menville (Haute-Garonne).
Cette condamnation va-t-elle changer vos plans ?
Non. Je n’ai pas été privé de mes droits civiques. Je ne suis pas un voyou, je n’ai jamais volé dans la caisse, je peux donc toujours me présenter à la présidentielle. Cette épée de Damoclès ne modifiera ni mes convictions ni ma décision d’incarner les collectifs unitaires de la gauche antilibérale, hors de la logique des partis.
Seriez-vous prêt à purger une peine alternative, comme le port d'un bracelet électronique ?
Il n’y a pas d’alternative à l’incarcération. J’assume mon combat qui est un combat pour des idées, pour la diversité biologique et agricole, contre les dangers des OGM en termes d’environnement, de pollution et de risques potentiels pour la santé qui n’ont jamais été évalués. C’est aussi un combat pour le respect de la démocratie puisque jamais les Français n’ont pu choisir d’utiliser ou non des OGM dans l’agriculture et l’alimentation.
Un candidat derrière les barreaux, ça vous paraît symbolique ?
A ma connaissance, un candidat condamné, c’est une première. Ce qui existe déjà, c’est de se représenter pour ne pas être condamné ! Cela dit, la prison, c’est sérieux, ce n’est pas rigolo du tout. Aujourd’hui, c’est un lieu de destruction, pas de reconstruction.
Si Nicolas Hulot s’était déclaré candidat, y seriez-vous allé ?
Nous ne sommes pas concurrents. L’originalité de ma campagne, c’est de lier la lutte contre les inégalités à la question de l’environnement. Ces deux combats ne peuvent être dissociés. C’est la logique de marchandisation qui accélère la destruction de la planète.
Les sondages vous créditent de moins de 5%. Comment l’analysez-vous ?
Notre campagne vient de commencer. Elle a vraiment démarré hier à l’occasion du meeting dans les Bouches-du-Rhône. J’ai choisi Aubagne plutôt que le bagne ! D’autres sont en campagne depuis des mois et stagnent toujours autour de 1%.
Qui pourrait voter pour vous ?
Une grande partie de ceux qui, en votant non au traité européen, refusent la logique libérale de l’Europe. Il y a aussi ceux qui ne veulent plus de l’alternance et aspirent à une nouvelle donne portée par la gauche alternative. Et il ne faut pas oublier tous ceux qui, récemment, se sont inscrits en masse dans les quartiers populaires et les banlieues.
Comment réagissez-vous au discours sur le vote utile ?
Le vote utile, c’est nous car nous proposons une vraie alternative. Il y a deux gauches aujourd’hui : la social-démocrate qui se contente d’aménager les règles de la mondialisation et l’alternative qui veut changer les règles du jeu. Ce n’est pas une exception française, c’est une tendance générale, en Europe, comme en Allemagne et aux Pays-Bas et, plus loin de nous, en Amérique du sud.
Appellerez-vous à voter au second tour ?
Comme dit François Hollande, si c’est Besancenot au second tour, je voterai pour lui. Notre objectif, c’est de battre la droite et l’extrême-droite. Ce n’est plus une question de programme mais de valeurs incompatibles. Mais je refuserai toutes compromissions avec le PS qui pour le coup propose un programme incompatible. D’ailleurs j’espère encore qu’on pourra réunir l’arc : la LCR, le PCF, les collectifs unitaires et même les Verts.
Que pensez-vous de la campagne ?
C’est dommage parce que la focalisation sur les petites phrases, les coupes de cheveux et les tailleurs empêche tout débat d’idées. Les deux candidats des deux partis dominants jouent le jeu des médias et restent très people. Du coup, le contenu de leur projet passe à la trappe.
Si vous êtes élu, quelle sera votre première mesure ?
Je lancerai un plan d’urgence sociale. Il y a plus de sept millions de pauvres en France, en situation de précarité, de dénuement et de bas salaires. En parallèle, je créerai une Assemblée Constituante pour en finir avec le système de monarchie actuel. Enfin, la question des quartiers populaires et des banlieues est une priorité nationale. Il faut sortir du ghetto.
