Elysée : l'option Bové aux forceps

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Un article paru sur Témoignage chrétien...

José Bové avait renoncé cet automne ; cet hiver, il se porte candidat. Avec l’espoir de devancer ses anciens compagnons de la gauche antilibérale.



Élysée : l’option Bové aux forceps

 

par Ivan du Roy

 


Les Verts attendaient Nicolas Hulot sur leur droite, ils auront José Bové sur leur gauche. Marie-George Buffet le croyait sorti par la grande porte des collectifs unitaires, le mouton noir des appareils est revenu par la fenêtre internet. Un appel en sa faveur a recueilli plus de 30 000 signatures en trois semaines, dont plusieurs personnalités comme Michel Onfray, les membres du groupe Zebda, le chanteur Jean Ferrat, les comédiens Jean-Pierre Darroussin et Anémone ou l’altermondialiste Susan George. Ce succès a convaincu le faucheur d’OGM de revenir dans la course à la présidentielle. Le soutien virtuel se transformera-t-il en dynamique réelle ? Les choses sérieuses commenceront après l’annonce officielle de sa candidature, ce 1er février.


Le leader paysan la lance d’un terrain vague ou d’un squat de Seine-Saint-Denis, pour symboliser une candidature hors système : en dehors des partis traditionnels de gauche et voulant incarner les revendications de ceux que la mondialisation néo-libérale marginalise. Il compterait déjà une centaine de parrainages d’élus dans sa besace. « Nous sommes plutôt confiants pour la suite, même si du côté des signatures socialistes, ce sera plus dur », confie François Soltic, l’un des animateurs de la pétition. Pour arriver au chiffre fatidique de 500, les réseaux d’élus communistes refondateurs et rénovateurs, soit un tiers du PCF, les maires des petites communes proches de la Confédération paysanne ou impliqués dans la lutte anti-OGM, et un nombre non négligeable d’élus écologistes seront mis à contribution. Plusieurs ténors de la gauche antilibérale, l’élue parisienne Clémentine Autain, l’ancien président de la Fondation Copernic, Yves Salesse, ou le syndicaliste Claude Debons devraient figurer parmi ses porte-parole. Bien qu’ancré à gauche, l’arc politique se veut large, à l’image de l’aspect multidimensionnel du personnage : syndicaliste, écologiste et altermondialiste. « Nous devons tout faire pour que la gauche non socialiste parvienne à se regrouper », ambitionne Dominique Taddei. L’ancien socialiste, qui avait présidé aux conclusions du congrès d’Épinay, unifiant les courants socialistes en 1971, a, trente-six ans plus tard, introduit la réunion des collectifs unitaires qui a avalisé fin janvier la candidature Bové.

L’enjeu ? Reconquérir l’électorat populaire, ouvriers et employés, réfugié dans l’abstention ou tenté par le vote Le Pen. « Ségolène arrivera peut-être à capter l’électorat populaire le temps d’une élection. Mais même si elle gagne, qu’adviendra-t-il quand l’état de grâce sera passé ? La seule opposition sera alors le sarko-lepénisme. C’est un grand risque pour la démocratie », s’inquiète l’ancien député PS. Alors que la pétition a trouvé un écho non négligeable dans le Sud-Ouest rural – Haute-Garonne, Hérault et Aveyron en tête –, le berger du Larzac, dont l’image rurale et gauloise semble éloignée du très urbain « neuf-trois », fait des émules dans les banlieues métissées. Des militants du Mouvement de l’immigration et des banlieues, des Indigènes de la République ou d’associations implantées dans les quartiers sont prêts à relayer sa campagne. « Parce que cette candidature est une synthèse prometteuse au sein de la gauche entre progrès social et lutte contre le racisme et les discriminations », expliquent-ils.


La candidature Bové peut aussi profiter du regain d’intérêt pour l’écologie, thème que la gauche héritée du marxisme juge secondaire. Selon un sondage CSA réalisé fin janvier, José Bové est, avec Ségolène Royal (51 % de « confiance » chacun), celui qui incarne le mieux la défense de l’environnement, devant Dominique Voynet. Côté intentions de vote, Bové ne fait pour l’instant pas mieux que ses ex-colistiers du non. Officiellement, « un score à deux chiffres » est espéré. Les pragmatiques préfèrent viser la barre des 5 % pour devancer les petits candidats. Une maigre consolation, deux ans après la victoire du non, mais une position de force pour négocier avec le PC et la LCR en vue des législatives et des municipales de 2008. Si José Bové et la nébuleuse importante mais diffuse qui l’entoure parviennent à exister électoralement à la gauche du PS, ce sera aux forceps.

Un candidat en prison ?

Un de ses proches assure qu’il en rêve secrètement : faire sa campagne présidentielle depuis la prison de Villeneuve-lès-Maguelone, où il a déjà été incarcéré pour le démontage du McDo de Millau et l’arrachage de plants OGM. Le 7 février, la Cour de cassation examinera le pourvoi de huit « faucheurs volontaires », dont José Bové, Noël Mamère et Gilles Lemaire. Le candidat risque quatre mois de prison. En décembre, il a refusé la proposition de troquer la détention contre un bracelet électronique.

Sources Témoignage chrétien


Publié dans Présidentielle

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