2007 : Bové peut-il se présenter ?

Publié le par Adriana EVANGELIZT

2007 : Bové peut-il se présenter ?

par Noël Bouttier

 

Le leader paysan flirte avec la barre des 10 % dans les sondages. Mais avant de postuler, il devra surmonter de nombreuses difficultés.

Je suis candidat à rassembler, à la gauche du PS, une gauche antilibérale, écologique, antiproductiviste et altermondialiste. » Dans une interview à Libération (14 juin), José Bové officialisait ce qui n’était plus qu’un secret de Polichinelle. Pour justifier son envie de briguer l’Élysée, l’ancien porte-parole de la Confédération paysanne (CP) inscrit sa démarche dans la continuité de « la campagne qui a amené au vote du 29 mai 2005 ». Mais la route pour se présenter en 2007 est encore longue. Examen de ses atouts et des obstacles qui ne vont pas manquer…

1. Les richesses de « José »


Au même titre que « Ségolène » ou « Arlette », le paysan du Larzac s’est fait un prénom aux yeux des Français. Pour ce faire, il a payé de sa personne en se retrouvant par deux fois dans les geôles de la République pour des actions collectives marquées par la désobéissance civile. Bové a donc le grand avantage d’incarner ses idées. Une différence appréciée des Français – par-delà les clivages politiques – lassés d’une classe politique forte en discours, faible en actes. Même si l’image ne rend pas compte d’une personnalité plus subtile, il incarne ce tempérament frondeur et la tradition tribunitienne qui fut longtemps la marque de fabrique de leaders de gauche. Le militant est également reconnu pour sa capacité à imposer des questions qui n’intéressent pas les décideurs ou qu’ils souhaitent traiter en catimini. Avec la Confédération paysanne, il a su poser, avant tout le monde, les questions de la mal-bouffe, des OGM, sans oublier celle du contrôle de l’Organisation mondiale du commerce. Par ses mots et son sens de la mise en scène, il a réussi à s’adresser à des gens très différents qui ne partagent pas forcément l’ensemble de ses combats. Son étiquette de gauche ne l’empêche pas d’être compris par des électeurs, par exemple inquiets de la désertification rurale. Certains y voient un mélange des genres, voire l’expression d’un populisme – argument qui permet facilement de disqualifier un adversaire. Pour répondre à cette critique, José Bové ne devra pas se contenter d’agglomérer des non, mais bien de donner une cohérence à un programme crédible dans un contexte difficile.

2. La course d’obstacles


Dans sa déclaration à Libération, Bové a prévenu : « Si cette décision est collective et portée par tous, j’irai jusqu’au bout. » Autrement dit, si les ralliements se font au compte-gouttes, il jettera l’éponge. Pour l’instant, ce n’est pas gagné. Chacun veut y aller avec son candidat : les Verts, la LCR avec son populaire facteur Olivier Besancenot, le PC avec sa secrétaire nationale Marie-George Buffet, sans compter Lutte ouvrière qui, de toute façon, présentera « Arlette ». Dans chacun de ces partis, les supporters de « José » sont minoritaires. « La question n’est pas tellement celle des partis, veut croire Francine Bavay, élue des Verts, mais celle des dynamiques locales. » S’il est soutenu par toutes ces formations, il devra faire des mécontents en choisissant, par exemple sur le nucléaire, entre les options communistes et celles des écologistes.


L’autre question concerne son rapport au pouvoir. Sa popularité vient notamment du fait qu’il s’est toujours positionné comme contre-pouvoir. Comme l’explique Yannick Jadot (Greenpeace), « il faut assumer le jeu du pouvoir et pour José, ça ne va pas être facile » (1). Même dans son organisation, la vigilance est de rigueur. « Les plus anciens se souviennent de 1981, raconte René Louail, ex-porte-parole de la CP. Il faut toujours maintenir une force syndicale puissante et autonome du politique. » La CP ne donnera pas de consigne de vote et les ralliements en son sein à la candidature de Bové ne seront sans doute pas majoritaires.


Dernier obstacle majeur, le traumatisme d’avril 2002. Beaucoup d’électeurs séduits par Bové pourraient cependant rallier, dès le premier tour, le candidat socialiste. Les « bovésiens » arguent, au contraire, qu’il doit réduire « le risque d’émiettement » (Francine Bavay), et faciliter la victoire de la gauche au second tour. Sur ce point, Bové reste prudent : « La décision de désistement se prendra en fonction des engagements pris par ce candidat. » Pas de quoi rassurer ceux qui s’inquiètent d’un positionnement flou.

1. Libération du 14 juin.

Casse-tête Vert

Décidément, l’élection présidentielle est difficile à négocier pour la formation écolo. Après le retrait en 2002 de la candidature d’Alain Lipietz pour celle de Noël Mamère, les deux postulants, Dominique Voynet et Yves Cochet, n’arrivent pas à être départagés. Les adhérents sont invités à revoter avant le 10 juillet. Mais poussé par l’aile gauche du parti, José Bové pourrait s’inviter au débat stratégique de cet automne et modifier la donne au sein d’un parti décidément imprévisible.

Sources : Témoignage chrétien

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans Présidentielle

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