Bové entre en compétition
Bové entre en compétition
par Olivier Mayer
Le syndicaliste paysan se déclare « candidat à rassembler à la gauche du PS ». Saura-t-il convaincre qu’il peut incarner un projet crédible ?
José Bové, dans un entretien au journal Libération, a renouvelé hier et précisé la déclaration de sa candidature pour l’élection présidentielle de 2007. « Je suis candidat à rassembler, à la gauche du PS, une gauche antilibérale, écologique, antiproductiviste et altermondialiste. Et je suis prêt à assumer la responsabilité d’aller à l’Élysée », annonce-t-il. Le leader paysan avance deux raisons essentielles à sa candidature. La première, c’est que « la candidature socialiste émerge de la droite du PS et ouvre un espace pour une candidature antilibérale à la gauche du PS ». La deuxième raison mise en avant par José Bové est que sa candidature peut « dépasser la rivalité » entre la LCR et le PCF dont « les chefs » ne sont pas « en capacité de rassembler tout l’éventail » du « front » antilibéral.
« on y verra plus clair en octobre »
Signataire, avec des personnalités diverses et des organisations politiques, dont le PCF, d’un appel à un rassemblement antilibéral et à des candidatures unitaires, José Bové affirme se situer dans une démarche collective qui prolonge « la dynamique du 29 mai ». Pour certains signataires de l’appel, sa popularité et surtout sa position hors parti politique constitueraient un atout. Les alter-écolos notamment, avec Francine Bavay, conseillère régionale Verte d’Île-de-France, en ont fait leur champion. Ils avaient engagé sans succès des démarches auprès de José Bové pour qu’il accepte de se porter candidat au nom des Verts. Puis avaient tenté d’imposer au sein des Verts un référendum pour les rallier à « une candidature unitaire José Bové ». Ils aimeraient aujourd’hui, mais sans grande illusion, profiter du « match nul » entre Dominique Voynet et Yves Cochet, pour revenir à la charge. Signataire elle aussi de l’appel à des candidatures unitaires, Francine Bavay estime que la question de la candidature à la présidentielle ne sera réglée que « si un consensus est trouvé ». « Il faut que les politiques se retirent », demande-t-elle.
Animateur des collectifs du 29 mai et désormais un des piliers principaux du Collectif national d’initiative pour des candidatures unitaires, Claude Debons estime « qu’on y verra plus clair en octobre. Je ne vois pas encore bien quelle pourrait être la procédure pour désigner le candidat. Pour l’instant, nous avons à discuter de la démarche, du projet, et ne pas nous en tenir aux seules échéances électorales. Et surtout, ajoute-t-il, il faut enclencher une dynamique. Une première estimation nous permet de situer à environ 300 le nombre de collectifs réellement créés. Or pour bouger le jeu politique entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, il faudra une vague puissante ».
Peut-il incarner un projet crédible ?
« José Bové a parfaitement le droit de se présenter, affirme Olivier Besancenot. La question est de savoir s’il s’agit d’une candidature unitaire. Pour qu’elle le soit, il faut des garanties. Une totale indépendance vis-à-vis du PS. Et comme l’expérience de la gauche plurielle numéro 1 est encore fraîche, il faut la garantie que cette candidature ne sera pas une caution pour la gauche plurielle numéro 2. À lire les déclarations, le compte n’y est pas. » Les communistes, engagés dans la création des collectifs unitaires, sont convaincus qu’une candidature de Marie-George Buffet donnera les meilleures chances au rassemblement.
Si la popularité de José Bové peut être un atout, saura-t-il convaincre qu’il peut incarner un projet crédible et une majorité politique pour gouverner ? Pourra-t-il représenter un mouvement qui dépasse le temps d’une campagne présidentielle ? La question est décisive pour la gauche de transformation sociale. Car confrontée au rejet de la droite et au danger que représente le projet Sarkozy, une candidature de simple témoignage ne pèserait guère lourd face au rouleau compresseur du vote utile.
Sources : L'Humanité
Posté par Adriana Evangelizt