Un cultivateur d'OGM dans le Sud-Ouest

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Un cultivateur qui cultive des OGM et qui traite les autres de retardataires... à part à son porte-feuille, on se demande bien à quoi il doit penser. Pas à la nature en tout cas.

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par Laure ESPIEU


Dans le Lot-et-Garonne, le champ d'OGM d'un agriculteur déclenche inquiétude et colère des voisins.

C'est un département rural du Sud-Ouest, aux abords de Marmande. D'habitude ce sont les cours de la tomate qui agitent les esprits. Depuis peu, on choisit son camp autour d'un champ de maïs. Claude Ménara, 53 ans, agriculteur comme son père, a planté l'an dernier 7 hectares d'une variété transgénique. Le mois prochain, il renouvellera l'expérience et sèmera cette fois 100 hectares, soit la quasi-totalité de son exploitation. Dans le voisinage, cela fait grincer des dents. «Personne n'était au courant, on l'a appris aux informations», s'insurgent André Lecomte et sa femme, des retraités, propriétaires de quelques vaches et d'une parcelle de prairie de l'autre côté de la route. «Il n'a rien demandé à personne pour mettre sa merde. Mais il risque de nous pourrir le coin, et si on nous dit demain que nos terres ne valent plus rien, c'est toutes nos économies qui y passeront.»

Diabolisation. Sur la table de la cuisine traîne un tract du comité de vigilance OGM 47, envoyé aux habitants du coin. Le couple met la dernière main à une lettre au député. «On est inquiets pour notre label de veau sous la mère, explique André Lecomte. Ça pose aussi la question de la bouffe bovine transgénique. On a un mal de chien à trouver du tourteau tracé pour les bêtes. Et ici, on se souvient que la vache folle est arrivée par l'alimentation. Qu'est-ce qui nous dit que le maïs ne provoquera pas la même chose ?»

Jeudi dernier, un débat public réunissant pro et anti-OGM dans la commune a tourné à l'affrontement verbal. Au-delà des mots, c'est la coexistence des deux tendances au sein du monde agricole qui vire au vinaigre. Claude Ménara, par qui le scandale est arrivé, est tout aussi indigné : «C'est une diabolisation. On peut avoir des craintes, mais dresser un tel épouvantail, ce n'est pas raisonnable.» L'homme n'a jamais été inquiété, mais il a malgré tout pris une assurance supplémentaire en cas de dégradation de son champ. «Je n'ai pas peur, affirme-t-il. Ça fait plus de dix ans que je me passionne pour les biotechnologies. J'ai voyagé au Brésil, en Argentine et aux Etats-Unis pour voir comment ça se passait et, pour moi, c'est un progrès incroyable de ne plus avoir recours aux insecticides. J'ai mes convictions : produire propre et faire de la qualité.» Sa production est vendue en Espagne, et déjà les contrats ont été signés pour la récolte 2006.

Zones tampons. «Ce sont des antiprogrès, tonne Claude Ménara, parlant de ses critiques. S'ils veulent continuer à nourrir dix biquettes à l'ancienne, c'est leur problème. Mais il y a de la place pour tout le monde. Je respecte les normes, je respecte les zones tampons, et je suis chez moi.» Les voisins maugréent : «S'il s'était trouvé à 50 km d'ici, ça nous aurait bien arrangés.» Pour le moment, on reste courtois, mais on évite de se croiser. Le maire de la commune, lui, voit arriver la période des semences avec inquiétude. «Y en a qui sont remontés, des deux côtés. C'est ce qui me tracasse.»

Sources : LIBERATION

Posté par Adriana Evangelizt

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