Le coton transgénique en Afrique

Publié le par Adriana EVANGELIZT

José Bové est présent au forum malien mais il faut bien reconnaître que les pays pauvres ont bien du mal à résister aux sirènes américaines et à leurs dollars...

Le coton transgénique divise les agriculteurs africains

par Philippe Bernard

Les OGM peuvent-ils aider l'Afrique à sortir de la misère ou constituent-ils un nouveau moyen d'asservissement de ce continent ? Cette question est loin d'avoir été tranchée lors du Forum social mondial (FSM) qui s'est tenu fin janvier à Bamako (Mali). Sans surprise, les militants de la société civile et responsables d'ONG participant à cette manifestation, la première du genre en Afrique, ont majoritairement stigmatisé "la mainmise des multinationales sur les semences" et le "nouvel esclavagisme" qui en découlerait.

Pour l'heure, l'Afrique du Sud est le seul pays du continent vraiment engagé dans la culture des OGM (3 % de la surface arable, essentiellement en maïs et soja). Le Kenya a échoué à développer une patate douce transgénique, mais mène des essais sur le maïs.

Mais le FSM a mis en lumière la division des mouvements paysans africains sur la question. La lutte sourde que se livrent des organisations malienne et burkinabé à propos des OGM du coton en a été le symptôme le plus perceptible. Alors que les deux pays affichent des productions records de cet "or blanc" dont dépend la survie d'une large partie de leurs populations, ils se distinguent par des politiques antagonistes.

D'un côté, le Burkina Faso a rejoint l'Afrique du Sud et l'Egypte dans le club restreint des Etats africains ouverts à ces techniques : il expérimente avec les firmes américaine Monsanto et suisse Syngenta la modification génétique des variétés de coton nationales pour une commercialisation en 2008. De l'autre, le Mali a, sous la pression des organisations agricoles, stoppé l'élaboration de la loi qui aurait permis les expérimentations.

Pour Ibrahima Coulibaly, président de la Coordination des organisations paysannes du Mali, le refus du coton transgénique est une question de survie et d'indépendance. "Dans notre pays, les paysans n'ont jamais payé les semences. Les OGM ponctionneraient nos revenus, déjà mis à mal par la baisse des cours, explique-t-il. La semence ne nous appartiendrait pas, sans parler des conséquences sanitaires : l'huile de coton sert quotidiennement à l'alimentation". Pour le syndicaliste, la "sympathie" de certains Africains à l'égard des OGM s'explique par les pressions financières et politiques des multinationales et des Etats-Unis, "qui s'attaquent aux pays pauvres, incapables de leur résister, dans le but d'encercler et de faire plier l'Union européenne".

A l'opposé, François Traoré, le président de l'Union des producteurs burkinabés, connu pour ses harangues à l'OMC contre les subventions des pays riches au coton, avait fait le voyage de Bamako. "Que les Européens nous laissent analyser ce qui est bon pour nous, tonne-t-il, qualifiant au passage José Bové d'"idéologue". Cela fait quarante ans qu'ils nous enseignent la démocratie et le développement. Etant donné le résultat, ils devraient cesser de répéter les mêmes leçons."

ECONOMIE DE SUBSISTANCE

Appelant les nantis à ne pas oublier qu'en Afrique "les paysans boivent dans la même mare que les animaux", il revendique "le droit de faire confiance aux chercheurs" pour mettre au point une technique qui peut permettre aux producteurs de "sortir de l'économie de subsistance" et insiste sur les économies de pesticides promises par l'utilisation des OGM.

Présent au forum malien, José Bové se défend d'"apporter aux Africains un discours anti-OGM clés en main" et estime que la position du Burkina Faso tient à ce qu'il "ne refuse pas l'argent américain". Réponse de François Traoré : "Quand les ONG ont besoin d'argent, elles crient. Notamment contre les OGM."

Dans cette chaude ambiance, Catherine Gaudard, chargée des questions agricoles au Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD), déplace le débat. Selon elle, même si elle se réalisait, l'augmentation de productivité promise par les OGM n'améliorerait en rien la situation des petits producteurs, pris à la gorge par la chute des cours. A l'entendre, les réserves émises à l'égard des OGM ne reflètent pas un impérialisme des consommateurs du Nord, mais la volonté de défendre les petits exploitants familiaux que les gouvernements africains, sensibles aux sirènes américaines, ne soutiennent plus guère.

Sources : LE MONDE

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans OGM

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