La difficile campagnee de Buffet
La difficile campagne de Mme Buffet réveille les tensions
au sein du PCF
Marie-George Buffet le sent bien, sa campagne est "difficile". Parce que la gauche demeure minoritaire, à 40 % dans les intentions de vote, et que Ségolène Royal "ne tient pas un discours de gauche". Mais aussi parce qu'elle-même a du mal à convaincre de l'utilité de sa candidature. "Les hommes et les femmes de gauche que je rencontre adhèrent à mon programme mais se demandent s'ils ne devraient pas se rassembler derrière Ségolène Royal. J'en vois même qui hésitent entre moi et Bayrou !", reconnaît-elle les traits tirés. Ce mardi 6 mars, quelques heures avant un meeting tenu devant quelque 600 personnes à Brest, la candidate du PCF semble presque lasse. "Allez, un meeting de plus...", lâche-t-elle.
Ici, comme ailleurs, le parti tente de se mobiliser mais la conviction manque parfois. "La campagne se fait mollement", assure Michel Maso, membre du conseil national et proche de Robert Hue. Le constat est sévère mais a été assez partagé par les cadres du parti, lors du dernier conseil national, le 26 février. Alors Mme Buffet se démène et tente de "coller" au plus près de l'actualité sociale.
"FLOTTEMENT"
Mardi matin, la secrétaire nationale avait chamboulé son emploi du temps pour assister à la manifestation des salariés d'Airbus, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Mercredi, elle se rend sur une exploitation agricole puis auprès de salariés d'Alcatel-Lucent, avant de filer sur Lorient et Saint-Brieuc. Deux jours passés en Bretagne pour remobiliser ses troupes sur des terres tenues par des opposants, les partisans de Robert Hue. Dans ce Grand Ouest, les critiques se taisent encore publiquement mais il n'en faut pas beaucoup pour les entendre. "Marie-George a des difficultés à élargir la campagne. Les militants la font par discipline mais ne comprennent pas le flottement dans la stratégie du parti", constate Michel Rica, secrétaire fédéral de Loire-Atlantique. "On paye le flou entretenu depuis des mois", renchérit Christian Saulnier, président du groupe communiste de Saint-Nazaire. "Le discours sur le contenu de ce que devrait être une politique de gauche n'est pas à la hauteur", juge Wilfried Lunel, secrétaire fédéral d'Ille-et-Vilaine. La tentative, mise en échec, de rassembler les antilibéraux derrière une candidature communiste, serait ainsi la cause d'une campagne qui patine. Une critique que Mme Buffet ne veut pas entendre : "Y a pas de souffle ? Mais une candidature communiste (comme le proposaient les opposants), ça aurait été pareil ! C'est les 3,37 % de 2002 qui ont porté atteinte à la crédibilité du parti", s'emporte-t-elle. En clair, la responsabilité en incombe à M. Hue, candidat en 2002, pas à elle. Il n'empêche : à mots couverts, le débat sur l'"après" est lancé.
Longtemps silencieux, les "huistes", qui tiennent une dizaine de fédérations et ont la responsabilité de la trésorerie du parti, s'organisent. Leur objectif : obtenir un bilan de la ligne de la direction accusée d'avoir mis le parti "hors jeu". Ils auront sur ce point l'appui des autres opposants, "orthodoxes", qui attendent eux aussi le 22 avril au soir.
Sources Le Monde
Posté par Adriana Evangelizt