Ces militants communistes qui soutiennent Bové

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Ces militants communistes qui soutiennent Bové

par Octave Bonnaud


C'est une première depuis la candidature du dissident Pierre Juquin en 1988. Une partie des militants communistes feront la campagne d'un autre candidat que celui du PCF. Qui sont-ils ?

Ils sont militants communistes. Mais ils feront la campagne de José Bové. Combien sont-ils ? Difficile à dire. En décembre dernier, 9 600 militants s'étaient prononcés pour le retrait de la candidature de Marie-George Buffet. Parmi eux, Emmanuel Navarro, 29 ans qui « soutient Bové car il faut dépasser la forme des partis ». Plus expérimenté, Daniel Dalbera, élu député de Paris en 1973, se dit déçu par sa direction : « Quand on a dit que 65% des collectifs anti-libéraux soutenait le PC, j'ai eu honte. En réalité, la base qui soutient Marie-George Buffet est beaucoup plus fragile ».

Membres de la toute nouvelle
Association des communistes unitaires, fondée par Patrick Braouezec, Clémentine Autain, François Asensi et d'autres, ils assument haut et fort leur « désaccord stratégique ». Leur engagement témoigne de l'irruption d'un nouveau profil de militants particulièrement autonomes. Il y a vingt ou trente ans, on claquait la porte du Parti ou l'on était exclu en cas de désaccord avec la ligne officielle. Aujourd'hui, ces communistes « mouvementistes » ne craignent pas de faire la campagne d'un concurrent ! Un engagement qui au Parti socialiste, chez les Verts voire à la Ligue communiste révolutionnaire, aurait immédiatement été sanctionné.

Un malaise demeure

Certes, la place du Colonel Fabien ne distribuera pas de blâmes. Mais sur le terrain, un sentiment de malaise demeure. Exprimé par Jacques Perreux, élu communiste du Val de Marne dans une tribune : « certains regards, des mains et des visages ne se tendent plus pour un simple et amical bonjour. Cela fait mal. Mais je m'interdis de dramatiser »
écrit le directeur de campagne de Bové. Claude Bouhoun, responsable de section à Toulouse confirme : « Tous ceux qui n'ont pas pris le parti de Buffet vivent une mini-dépression. Les gens vivent une exclusion qui n'est pas officielle, une sorte d'exclusion apparente. » affirme t-il. Lui a décidé de se mettre en congé du Parti communiste pour se consacrer à la campagne de José Bové. Alors qu'Emmanuel Navarro fréquente encore sa section du 19ème arrondissement : « Je n'ai subi aucune pression. Mais les discussions politiques montent vite avec les pro-Buffet, il y a des tensions » concède t-il.

Pour ces trois là, le jeu en vaut la chandelle. Si Claude Bouhoun estime que « Bové dépassera Buffet et Besancenot », Daniel Dalbera est plus pessimiste. Il craint « la force du vote utile » qui pourrait plomber le score des trois candidats antilibéraux. Alors, pourquoi s'engager derrière le syndicaliste paysan qui a les plus grandes difficultés à réunir les 500 signatures ? « Même si Bové ne perce pas, il subsistera une base militante capable de construire quelque chose pour tous les gens en attente d'un nouvel espoir » veut croire Daniel Dalbera.

Sources Marianne 2007

Posté par Adriana Evangelizt


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