José Bové : l'imprévu est au rendez-vous
José Bové : l’imprévu est au rendez-vous…
par Patrice Biancone
Editorialiste à RFI
Il a cédé à la tentation et la tentation était tellement forte qu'il n'a pas attendu le rendez-vous qu'il avait lui-même donné pour annoncer officiellement sa candidature. José Bové y va. Il y va et il est heureux d'y aller au nom de la France invisible. Celle dont il espère qu'elle l'entendra, comme l'ont entendu les 32 000 signataires de la pétition en sa faveur, ceux qui n'ont pas envie de continuer l'expérience démocratique avec les candidats des grands partis parce qu'ils considèrent que seul un altermondialiste peut comprendre le monde d'aujourd'hui et anticiper celui de demain au nom du «vivre ensemble» dont ils sont si friands.
Avec l'homme à la moustache et à la pipe, c'est donc l'altermondialisme qui s'invite dans le débat, une bannière haut brandie qui risque bien d'avoir pour principal effet immédiat de semer la zizanie à gauche où l'émiettement gagne... José Bové est en effet le cinquième candidat de la gauche radicale. Le sixième de la gauche au sens large, si l'on compte la candidate socialiste. C'est beaucoup. Mais à ceux qui lui rappellent 2002 et les conséquences de la division, il répond que son travail est de rendre crédible la gauche alternative par rapport à des électeurs qui ne s'étaient pas retrouvés dans la campagne de Lionel Jospin. José Bové espère secrètement que Ségolène Royal va continuer sa descente dans les sondages et être le principal bénéficiaire du désamour, un rêve un peu fou que ne tempèrent pas ses «petits» 3% d'intentions de vote, ce qui le place au même niveau que Marie-George Buffet et Arlette Laguiller. Trop peu pour espérer être incontestable. Mais assez tout de même pour faire réfléchir la même Marie-George Buffet ainsi qu'Olivier Besancenot, dont un certain nombre de soutiens gardent les yeux tournés vers le Larzac, terre «bovéienne» par excellence, depuis l'échec d'une candidature unique de la gauche antilibérale...
José Bové y va, parce qu'il veut donner le choix à tout le monde de voter. Il y va pour défendre l'écologie et pour lutter contre la mondialisation afin que notre monde soit plus respectueux des personnes. C'est noble dans l'intention. Et sans doute insuffisant comme explication. José Bové a toujours fait de la provocation une arme politique et comme en chacun de nous il y a un fond de vanité, disons que le sien se résume en une capacité à croire qu'il pourrait être l'homme providentiel, ce qui reste à prouver. Dans un premier temps, il va devoir trouver ses 500 signatures. Dans un deuxième, de l'argent pour sa campagne. Et dans un troisième temps, il devra régler ses problèmes avec la Justice. Il risque quatre mois de prison ferme pour avoir fauché des plantes OGM. La cour de cassation rendra son arrêt le 7 février prochain, ce qui fait de lui une particularité, puisqu'il pourrait être le premier candidat à faire campagne de son lieu de détention, n’étant pas privé de ses droits civiques...
Avec José Bové, c'est toujours l'imprévu qui frappe à la porte des Français. Or sachant que l'imprévu n'est pas un programme, il va falloir, très vite, qu'il propose autre chose sous peine de voir les portes de la provocation se refermer sur lui plus sûrement que des portes de prison.
Sources RFI
Posté par Adriana Evangelizt