Bové dangereux mais moins que Hulot
"Bové dangereux, mais moins que Hulot"
# Interview - A qui profite la non-candidature de Hulot ? Qui Bové va-t-il gêner s'il se présente ? Les réponses avec Bruno Jeanbart de OpinionWay.
# Il explique notamment que José Bové peut gêner Ségolène Royal au premier tour s'il mène une bonne campagne.
LCI.fr : Quels candidats peuvent se féliciter de la non-candidature de Hulot à la présidentielle ?
Bruno Jeanbart, analyste à l'institut de sondages OpinionWay : C'est une bonne nouvelle pour plusieurs candidats. Tout d'abord, Dominique Voynet évidemment. Pour la candidate des Verts, la concurrence aurait été très rude sur le terrain environnemental. Surtout, la personnalité de Hulot lui aurait permis de drainer le "vote utile" : voter Hulot aurait eu plus de poids pour l'écologie que voter Voynet. Ensuite, c'est aussi une bonne nouvelle pour Ségolène Royal car Hulot aurait pu lui grappiller 2 à 3 points sur l'électorat jeune et moins politisé. Or ces quelques points sont très importants dans l'optique du rapport de force avec Sarkozy. Enfin, François Bayrou aurait quant à lui perdu la possibilité d'apparaître comme le seul recours -en dehors de Jean-Marie Le Pen- au duo Royal-Sarkozy.
LCI.fr : Pourquoi certains écologistes critiquent-ils la décision de Hulot ?
B.J. : Il y a un potentiel électoral certain pour une autre candidature écologiste que celle des Verts. Beaucoup d'électeurs ne se reconnaissent pas en eux en raison de leur positionnement trop marqué à gauche. Pour Antoine Waechter, et à un degré moindre pour Génération Ecologie, une candidature Hulot aurait permis de répondre à ce besoin d'écologie hors des partis. D'où leurs réactions mitigées.
"Le potentiel de Bové dépendra de sa dynamique de campagne"
LCI.fr : Hulot parti, Bové revient dans le jeu. A qui sa candidature fait-elle peur ?
B.J. : Son potentiel est réel. S'il se présente, son score dépendra de la dynamique de sa campagne. Comme Hulot, il peut drainer le "vote utile", cette fois celui de la mouvance altermondialiste.
Les premières victimes seront tout d'abord les autres représentants de la gauche anti-libérale, Marie-George Buffet et Olivier Besancenot. Cela offrira en effet une solution à ceux qui sont toujours réticents à voter pour le PC en raison de son histoire ou, pour la LCR, en raison de son positionnement à l'extrême-gauche. Face à eux, Bové apparaît beaucoup moins marqué. Et sa thématique différente, notamment sur les OGM, l'environnement ou la ruralité, lui permet d'élargir sa base électorale. En revanche, Arlette Laguiller sera moins affectée car son électorat, ouvrier et populaire, est différent de celui de Besancenot, urbain et diplômé.
Enfin, Ségolène Royal peut être évidemment gênée par une nouvelle candidature sur sa gauche. Si Bové arrive à fédérer la gauche contestataire, il peut apparaître comme un vote refuge au 1er tour.
LCI.fr : Bové est-il aussi "dangereux" que l'était Hulot ?
B.J. : Non. Aujourd'hui, il ne représente un risque potentiel que pour les autres candidats de gauche. Ce risque peut néanmoins grandir s'il arrive à mener une bonne campagne. De son côté, Hulot bénéficiait d'une dynamique d'électeurs qui voulaient envoyer un message quelle que soit leur préférence politique ou partisane. Il était donc plus dangereux.
Sources LCI
Posté par Adriana Evangelizt