La gauche antilibérale demande à voir

Publié le par Adriana EVANGELIZT

La gauche antilibérale demande à voir

par Pascal VIROT


Si le PS s'amuse d'une candidature Bové, PCF et LCR attendent un débat sur le fond.

Il en est certains que la candidature Bové enthousiasme. Mais beaucoup d'autres la déplorent. En faisant un pas de plus vers la candidature pour prendre la tête de la gauche de la gauche, le leader paysan cherche d'abord à profiter de l'absence (temporaire ?) des Verts. Tant qu'ils n'auront pas revoté pour tenter de départager Yves Cochet de Dominique Voynet, les écologistes ouvrent une brèche dans laquelle s'engouffre José Bové. Mais il met surtout sous pression ceux qui aspirent à incarner la gauche mouvementiste et radicale, tels Marie-George Buffet ou Olivier Besancenot. Il use aussi de son entretien à Libération pour dessiner les contours d'une candidature anti-Ségolène Royal, partant comme elle à la conquête des milieux populaires.

Cette perspective n'effraie pas outre mesure Julien Dray, porte-parole du Parti socialiste et proche de la députée des Deux-Sèvres : «La trajectoire de Bové va ressembler à celle de Pierre Juquin [candidat dissident du PCF qui avait recueilli 2 % à la présidentielle de 1988, ndlr], lui et ses amis ne seront d'accord sur rien.» Il craint toutefois que «leur seul programme commun soit l'antisocialisme». S'amusant que toutes les organisations qui composent cette nébuleuse, fidèles à leur «tentation groupusculaire», soient «jalouses de leur identité», Dray considère que Bové et ses soutiens «n'ont pas compris la réalité vécue par les couches populaires. On le voit bien sur la sécurité : pour eux, c'est une question de droite». Une certitude contredite, selon Dray, par le discours de Royal.

Buffet et Besancenot se considèrent, eux, plus légitimes que Bové pour séduire les couches populaires. La numéro 1 du Parti communiste avait prévenu fin mai : «Le PCF est la force militante dans cette affaire [...]. Je ne vois pas pourquoi ce serait à nous de nous mettre en retrait.» Porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles redoute que la candidature Bové soit avant tout médiatique : «Nous dénonçons le choc des ego au PS. Il ne faut pas ouvrir ce débat au sein de la gauche de la gauche.» Parmi les «critères» que le champion de la gauche radicale doit remplir, le PCF en a défini un qui semble disqualifier Bové : le candidat «doit être en mesure de mener la campagne sur tous les sujets». Or, selon Olivier Dartigolles, de par «son itinéraire», Bové privilégie «certains thèmes plus que d'autres». Proche de Robert Hue, Michel Maso est plus direct : «Faucher des champs de maïs, ce n'est pas l'aspect le plus convaincant de l'antilibéralisme. Je le trouve un peu léger. C'est un militant altermondialiste mais ça ne fait pas de lui un homme capable d'incarner un rêve un peu chimérique.» De plus, considérer que ni Buffet ni Besancenot ne peuvent conduire un rassemblement antilibéral, parce qu'ils sont chefs de partis, relève, selon lui, du «poujadisme». «C'est une vision erronée et surtout dangereuse.»

Du côté de la Ligue communiste révolutionnaire, là aussi on attend José Bové au tournant. «Il parle de plus en plus de casting mais reste très discret sur le scénario», regrette Olivier Besancenot. Le porte-parole de la LCR se dit «prêt à retirer sa candidature [qui devrait être effective le 23 juin, ndlr] pour un autre, mais ce sera au prix fort, sur le fond de la politique à mettre en oeuvre». Finalement, à la LCR, seul Christian Picquet, minoritaire à la direction, se félicite qu'«un acteur du mouvement social, et non des moindres, entre en politique». Mais lui aussi prévient : «Avant de poser la question du "qui", posons la question du "quoi".» Ce n'est pas plus simple.

Sources : Libération

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans Présidentielle

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article