Le père de José
Quelques mots de Josy Bové
Père de José Bové. Chercheur scientifique, professeur de microbiologie. A la retraite depuis 1999.
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MON fils José Bové est opposé aux plantes transgéniques. Dans Newsweek du 5 février, repris par Courrier international du 8 février, je disais que pour moi, scientifique et biologiste, les plantes transgéniques ne sont pas le mal absolu et ne doivent pas être condamnées en bloc. Cette divergence entre le père et le fils a été commentée par la presse parlée et écrite. Certains commentaires ont été l'occasion d'affirmations inexactes et contraires à la réalité. Je souhaite ici rétablir les faits et apporter quelques précisions.
Non, je ne suis pas l'expert en OGM qu'on veut bien faire de moi mais, comme tout scientifique qui suit les évolutions dans son domaine, je suis intéressé par l'outil de la transgenèse et j'ai encouragé certains de mes chercheurs à l'utiliser. Il est donc abusif et faux de dire que je suis l'un des promoteurs les plus zélés des cultures transgéniques.
Mon fils, les OGM et moi, Le Monde, 3 mai 2001, p. 1 et 17.
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Non, je ne cours pas la planète afin de plaider la cause des OGM. Si je la parcours, c'est, entre autres, pour contribuer à organiser et à développer la recherche sur les maladies des agrumes au Brésil, à aider l'Afrique du Sud, l'Inde, le Népal, le Vietnam, l'Indonésie, mais aussi les pays du Proche et du Moyen-Orient, à identifier sur le terrain certaines maladies graves des agrumes et à mettre en place, dans les organismes de recherche publics, des laboratoires de diagnostic axés sur les méthodes de détection développées au laboratoire de Bordeaux.
Ibidem.
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Ainsi, comme je ne fais pas de plantes transgéniques moi-même, il est faux d'écrire que le fils voue son existence à détruire ce que le père construit. Et je me plais à avouer qu'au-delà des divergences, le père ainsi que la mère entretiennent des relations affectueuses avec le fils et ne manquent pas de le soutenir, par leur présence, quand il défend son point de vue devant les tribunaux.
Ajouterais-je que José Bové maintient, à sa façon, la tradition "agricole" de la famille : je suis de formation agronomique moi-même, mon père et mon grand-père étaient horticulteurs et, pour remonter plus loin, mon arrière-arrière-grand-oncle, Nicolas Bové, botaniste et explorateur, a parcouru dans les années 1830 le Proche- Orient à la recherche de nouvelles plantes pour l'agriculture égyptienne et a été le premier à explorer la flore du Sinaï.
Ibidem.
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Le courant de sympathie que la Confédération paysanne et les associations amies ont réussi à créer avec José Bové et ses camarades syndicalistes semble dû à quelques idées simples mais fortes qui ont trouvé un large écho dans le public. Il serait dommage que ce mouvement "citoyen", d'essence généreuse et qui pose de vraies questions, soit terni par une attitude intolérante à l'égard des OGM végétaux et se traduise par un rejet global de toute recherche sur ces OGM. On peut être opposé à la culture en plein champ des plantes transgéniques destinées à l'alimentation humaine sans pour autant être contre la recherche consacrée aux OGM végétaux, qu'il s'agisse de recherche fondamentale ou de recherche orientée. N'est-ce pas le rôle de la recherche que de contribuer à résoudre les problèmes ? Le mouvement anti-OGM devrait prendre position et dire clairement s'il est pour ou contre la recherche sur les OGM végétaux. Paradoxalement, la journée anti-OGM du 17 avril marque peut-être l'amorce d'un dialogue et le début d'une compréhension entre les uns et les autres. C'est du moins l'impression que j'ai eue au centre de recherche INRA de Bordeaux où, pendant trois heures, les chercheurs de l'INRA et de l'Université ont discuté avec les manifestants anti-OGM dans un climat de respect réciproque. Cela va dans le bon sens. Il y a de l'espoir !
Ibidem.
Sources : Denis Touret
Posté par Adriana Evangelizt