Bové entre en prison
16 heures, Bové entre en prison
OSERA-T-ON PARLER d'un formidable coup de marketing ?
En mettant en scène de manière radicalement médiatique son « embastillement » à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone hier (19 juin 2002), José Bové s'est délibérément présenté comme un militant de l'antimondialisation, voire un prisonnier politique.
« Je mène un combat juste et légitime pour l'ensemble des citoyens, pour une meilleure alimentation et, surtout, pour l'ensemble du mouvement social, les exclus, les précaires, les sans-papiers », a-t-il rappelé juste avant de franchir les portes de la prison pour effectuer une peine de trois mois fermes infligée pour les dégradations du McDonald's de Millau (Aveyron) en 1999.
Le porte-parole de la Confédération paysanne a fait du rapport de force sur le terrain et avec les institutions un vrai combat politique. En médiatisant chaque étape d'un parcours de révolte désormais bien rodé (destruction, procès, condamnation, puis sanction), José Bové est passé maître dans ce genre d'action. Cette démarche rencontre d'autant plus d'écho que le berger de Potensac paie véritablement de sa personne. Il n'a d'ailleurs pas caché son appréhension à l'idée « de se retrouver seul avec lui-même 24 heures sur 24 », expérience qu'il a déjà connue, notamment lors des dix-neuf jours de détention provisoire effectués à l'automne 1999.
Selon les calculs de ses deux avocats, Mes Etelin et Roux, le condamné devrait effectuer cinquante-six jours de détention si l'on tient compte des remises de peine.
Convoqué à 8 heures, José Bové ne s'est présenté qu'à 16 heures aux autorités, après un long périple en tracteur escorté par un bon millier de sympathisants des organisations qui le soutiennent, Confédération paysanne, SUD, les Verts, Attac, le PCF.
Habillé en bagnard, enchaîné à ses neuf comparses de la destruction du McDo, il est arrivé aux cris de : « Chirac en prison, Bové à la maison ! »
Plusieurs rassemblements de soutien ont eu lieu en Midi-Pyrénées, à Toulouse, Auch, Cahors et également à Poitiers où quatre-vingts personnes ont défilé dans le centre-ville.
Hier, Jean-Louis Debré l'ancien ministre de l'Intérieur et député UMP, a estimé que « la sanction décidée par les magistrats à l'encontre de José Bové devait être appliquée » et a invité à « arrêter la comédie » autour du leader de la Confédération paysanne.
Le nouveau président du groupe UDF de la nouvelle Assemblée nationale, Hervé Morin, s'est déclaré, hier, opposé à une amnistie ou à une libération du condamné parce qu'il « est un Français comme les autres ». « Tolérance zéro, c'est tolérance zéro pour tout le monde. »
Le Parisien, I.G., jeudi 20 juin 2002.
Sources : Denis Touret
Posté par Adriana Evangelizt