Dernière étape dans la course à l'Elysée
Dernière étape dans la course à l'Elysée
Par Sabrina BESTANI
A deux semaines du premier tour de l'élection présidentielle, les candidats amorcent leur dernier virage, et pas des moindres : le lancement de leur spot de campagne. A partir de lundi et jusqu'au vendredi 20 avril, les télévisions et radios publiques consacreront quarante-cinq minutes à chaque candidat. Une bataille médiatique où chacun tient à sa tactique et qui s'annonce cruciale pour le vote des Français.
Le coup d'envoi des spots officiels, c'est un peu comme l'ultime combat d'une longue bataille. Si les tactiques peuvent réserver quelques surprises, les consignes, concoctées par le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel), sont rigoureuses. Parmi les commandements figurent entre autres l'interdiction de se moquer des autres candidats, d'utiliser la Marseillaise, de dégainer les étendards qu'ils soient européen, français ou régionaux, de faire des appels de fonds, de filmer les bâtiments officiels de l'Etat.
Pas surprenant qu'Ali Guessoum, employé de l'agence qui réalise les films du PCF monte au créneau : "vu les contraintes et le temps qu'on nous laisse, je comprends maintenant pourquoi les spots sont aussi pourris", a-t-il déclaré au quotidien Libération daté de samedi.
Douze candidats, plusieurs tactiques. Pour certains, comme Nicolas Sarkozy, le tournage a commencé depuis des mois. Pour d'autres, à l'image de Jean-Marie Le Pen, quelques heures en studio auront suffi. Dès lundi matin, la bataille cathodique va prendre son envol. Et c'est José Bové qui ouvrira le bal, suivi de Frédéric Nihous, de Gérard Schivardi et de Nicolas Sarkozy. Déclinés en 18 modules qui varieront entre courts et longs métrages, chaque candidat aura le droit à 45 minutes d'antenne sur les chaines de télévisions et les radios du service public.
Diverses stratégies pour aligner leurs concurrents
Chapotés par les équipes de France 3, choisies par l'Etat, les postulants ont fait appel à diverses stratégies pour aligner leurs concurrents.
Pour Royal, Sarkozy ou encore Le Pen, pas de grandes mises en scène. Les trois candidats la joueront sobre, face caméra, prônant le fait de ne pas vouloir faire de la publicité. Pour l'ancien ministre de l'Intérieur, le travail de fond s'est amorcé il y a des mois, en novembre dernier. Suivi par les équipes de Christian Blachas, ancienne figure de l'émission Culture Pub sur M6, à qui l'on doit les campagnes de Chirac en 1995 et 2002, le clip du candidat UMP sera composé de mélange d'archives et d'interventions. Une simplicité également affectionnée par Jean-Marie Le Pen, puisque c'est le siège du Front National à Saint-Cloud, réaménagé en studio, qui aura servi de décor à un spot qui ratisse plutôt large. En misant également sur le naturel, Ségolène Royal fournira un clip sobre, ponctué de dicours actuels et d'anciennes interventions.
Pourtant, à en croire les propos du CSA, les clips devraient être "plus dynamiques". Ce sont d'ailleurs José Bové, Olivier Besancenot et Frédéric Nihous qui s'y collent, en jouant la carte de l'originalité. Fidèle à son image de jeune rebelle, le porte-parole de la LCR apparaitra dans les banlieues nord de Paris, sur fond de musique urbaine aux accents hip-hop, à la manière d'un documentaire filmé par Gérard Otzenberger, à qui l'on doit le reportage La conquête de Clichy. Frédéric Nihous lui, sera mis en scène en extérieur par Gérard Van der Gucht, abonné aux réalisations pour le petit écran et aux productions musicales. Mais la surprise revient incontestablement à José Bové, qui a choisi dans un souci d'échange, de se faire introduire par l'ancienne tête brulée de Canal +, Karl Zéro.
Du côté des autres candidats, rien de sensationnel. François Bayrou confie sa campagne visuelle à un homme du 7e art, Pascal Thomas. Dominique Voynet choisit d'alarmer sur l'écologie, en utilisant quelques images de banquise qui s'écroule dans l'océan. Marie-George Buffet parie, quant à elle, sur les interventions extérieures : un sans-papier, un syndicaliste et un jeune issu des quartiers populaires lanceront sa campagne.
Si les stratégies diffèrent, ces passages télévisés restent néanmoins une étape cruciale de la campagne officielle, qui avait rassemblé en 2002 33,1 millions de téléspectateurs la première semaine et 27 millions durant la seconde. Une épreuve ultime qui laisse supposer un impact non négligeable, compte tenu de l'indécision qui plane au dessus de l'électorat français.
Sources JDD
Posté par Adriana Evangelizt