José Bové en sauveur
Un article de Politis...
José Bové en sauveur
par Michel Soudais et Clotilde Monteiro
Un nouvel appel en faveur d’une candidature du leader paysan, qui rencontre un certain succès, tente de relancer la dynamique des collectifs unitaires. Si cette initiative, controversée, rouvre le débat sur l’avenir de la gauche antilibérale, d’autres pistes sont en discussion en vue d’une prochaine rencontre nationale.
Leur motivation est claire. « Nous ne pouvons pas nous résigner à ce gâchis historique », affirment les signataires d’un appel au titre explicite : « José Bové peut et doit être le candidat de l’alternative à gauche. » Lancée sur Internet samedi 6 janvier par Rémy Jean, un animateur (LCR) du collectif des Bouches-du-Rhône, qui l’a concoctée pendant la trêve des confiseurs avec le soutien de Yannis Youlountas, un écolo-libertaire animateur des réseaux pro-Bové, et un certain nombre de figures issues des collectifs du rassemblement unitaire, cette pétition recensait déjà 3 200 signataires, mardi matin (1). Un succès révélateur du refus des antilibéraux de rester dans l’ornière où la candidature de Marie-George Buffet a mis leur rassemblement.
« Cette proposition, précise Rémy Jean, ne consiste pas à ajouter un candidat de plus à gauche du PS ,mais elle vise à relancer la dynamique unitaire autour de la candidature de José Bové. » Le leader paysan vient d’ailleurs de rappeler à ses soutiens, par écrit, les conditions de sa candidature : « Comme je l’ai toujours dit publiquement, je reste disponible pour ce combat sous deux conditions : un rassemblement de toutes les forces de gauche qui ont dit "non" à l’Europe libérale le 29 mai 2005 et une dynamique populaire qui associe les citoyens au choix de notre candidat. » Autant dire que les nouveaux espoirs que pourrait faire naître cette initiative sont ténus. L’état du rassemblement antilibéral aujourd’hui est loin d’infirmer les termes de la lettre par laquelle José Bové annonçait aux collectifs, le 23 novembre, le retrait de sa candidature. Il y estimait que « les forces de la division l’avaient provisoirement emporté sur les forces de l’unité », accusait le parti communiste de vouloir imposer la candidature de Marie-George Buffet en multipliant « la création de collectifs qui ne représentent, localement, que la sensibilité communiste », et la Ligue communiste révolutionnaire de « confirmer son engagement dans une campagne autonome avec Olivier Besancenot comme candidat ».
Dans les semaines qui ont suivi ce cri d’alarme, le porte-parole de la Ligue a maintenu sa détermination à réunir les signatures nécessaires à sa candidature présidentielle. En l’absence d’un double consensus (entre les collectifs et les organisations politiques) sur la désignation du candidat unitaire, la réunion nationale des collectifs antilibéraux, les 10 et 11 décembre, à Saint-Ouen, s’est soldée par une impasse. Marie-George Buffet, soutenue par son parti, est restée sourde aux appels du collectif national lui demandant de retirer sa candidature au profit d’un des deux autres candidats sans étiquette, Clémentine Autain et Yves Salesse, jugés plus à même d’incarner la diversité du rassemblement antilibéral. Refusant toute autre solution de compromis, y compris celle d’une candidature du député européen communiste Francis Wurtz, la secrétaire nationale du PCF s’est entêtée à se revendiquer comme la candidate légitime du rassemblement en s’appuyant sur les résultats, contestés, de la consultation de 569 des 800 collectifs transmis avant cette réunion nationale. L’Humanité annonçait ce jour-là « 63 % pour Marie-George Buffet ».
Sans attendre les résultats de la seconde consultation qu’il avait réclamée (2), le PCF a organisé, le 20 décembre, un nouveau vote des militants communistes pour légitimer la candidature de sa dirigeante et l’imposer définitivement, malgré les protestations de nombreux communistes impliqués au sein des collectifs. Ce coup de force, jugé par ces derniers comme un changement d’orientation stratégique et vécu comme une trahison, a motivé la démission inédite de six membres du comité exécutif national du PCF (Pierre Zarka, Roger Martelli, Malika Zediri, Frédéric Genevé, Isabelle Lorand et Fernanda Marruchelli). Et l’onde de choc se propage dans les fédérations et les sections. Un peu partout, des militants en colère démissionnent de leur fonction ou rendent leur carte. Non sans chercher à s’organiser : ces « communistes unitaires » ont créé un site Internet, conçu comme un espace d’échange (3), et plusieurs réunions régionales sont annoncées ce week-end, notamment à Saint-Denis (Île-de-France) et à Saint-Gaudens (Midi-Pyrénées).
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(1) http://www.unisavecbove.org Parmi les premiers signataires figurent Michel Onfray, Étienne Chouard, Magyd Cherfi et Jacques Perreux (vice-président PCF du conseil général du Val-de-Marne).
(2) Les PV de cette nouvelle consultation des collectifs ont été publiés durant les vacances sur le site Internet de l’alternative à gauche (www.alternativeagauche2007.org). Ils relativisent grandement le soutien dont se prévaut Mme Buffet.
(3) http://communistesunitaires.over-blog.com
Souces POLITIS
Posté par Adriana Evangelizt