Bové de nouveau en veine libérale
Bové de nouveau en veine antilibérale
Par Matthieu ECOIFFIER
Déjà 8 000 pétitionnaires le poussent à défendre les couleurs de la gauche de la gauche.
En selle et peut-être en situation. A cent jours du premier tour de la présidentielle, l'hypothèse d'une candidature José Bové reprend du poil de la bête. Hier soir, près de 8 000 personnes avaient signé l'appel (unisavecbove.org) lancé par des militants antilibéraux des Bouches-du-Rhône et le groupusculaire Réseau écolo-libertaire pour que le leader paysan défende les couleurs de la gauche antilibérale. A ce rythme, le cap des 10 000 signatures, fixé par Bové comme condition à une campagne «populaire», sera franchi dès ce week-end. «Quelque chose se passe, une véritable dynamique qui rassemble tous ceux qui ne se résignent pas. J'en suis le premier surpris», commentait l'intéressé mercredi.
Logique de division. La seconde condition posée par le leader altermondialiste «une campagne unitaire» risque de s'avérer périlleuse à remplir, sinon impossible : «Il n'y a pas d'ambiguïté, je ne participerai pas à la logique de division portée par la LCR et le PCF», rappelle-t-il. Cela implique d'obtenir le retrait de Marie-George Buffet et d'Olivier Besancenot, qui ont préféré partir sous leur propre bannière. La nouveauté, c'est que Bové, fort de l'onction de la base, pourrait avancer en marchant. Et non pas faire de leur désistement un préalable. «L'idée est de lancer la candidature Bové, de collecter les signatures des maires et continuer à se battre jusqu'à ce qu'ils se retirent», explique Rémi Jean, initiateur de la pétition et militant de la LCR à Aix-en-Provence.
Pour collecter les 500 parrainages avant le 15 mars, Bové pourrait solliciter les élus communistes «unitaires» et le réseau des 9 000 communes anti-OGM. Ce scénario sera débattu par les militants des collectifs locaux lors de leur réunion nationale les 20 et 21 janvier. Une réunion à laquelle la direction du PCF refuse désormais de participer, allant jusqu'à contester aux collectifs l'usage de ce label.
Dubitatifs. «Une bonne moitié des signatures pour Bové transite par l'adresse de Pour une alternative à gauche (1), le site officiel des collectifs», explique Rémi Jean. Mais parmi eux, combien de militants communistes, qui constituaient une grosse moitié des collectifs ? Cette semaine, Bové a engrangé quelques signatures symboliques. Celles du philosophe Michel Onfray, du dessinateur Siné ou du blogueur noniste, Etienne Chouard. Et aussi celle de Jean Ferrat, compagnon de route du PCF, qui qualifie sa candidature de seule «issue possible et positive». Pour l'heure, seuls quelques responsables et élus PCF départementaux ont signé, pas les cadres refondateurs.
Au sein du collectif national, le syndicaliste Claude Debons et les deux candidats à la candidature antilibérale, Yves Salesse (Fondation Copernic) et Clémentine Autain (apparentée PCF), déjà dans la préparation des législatives, se montrent dubitatifs, craignant «l'éparpillement» et les «divisions» qu'une troisième candidature pourrait engendrer. «Même avec 20 000 signataires, Bové sera-t-il capable de faire plier la ligue et le PCF en un mois ? J'en doute», notait hier Autain. Besancenot renvoie la balle dans le camp du PCF : «Si José a envie de réessayer, qu'il réessaye ! Je me désisterai s'il y a accord politique. Or la direction du PCF n'a jamais imaginé abandonner le contrôle d'une candidature unitaire ou d'un accord qui tire trop à gauche.» Confirmation de Buffet hier, du local CGT de l'usine Renault de Sandouville, près du Havre : «Je suis entrée en campagne, je resterai en campagne. Il faut s'occuper des problèmes des salariés au lieu de s'occuper de sa pomme.»
(1) alternativeagauche2007.org
Sources Libération
Posté par Adriana Evangelizt