Un portrait atypique de José
Un très beau portrait, fort original, trouvé sur Arte... et fait par un journaliste allemand. Les français pourraient copier...
José Bové
Le portrait
Hajo Kruse, notre journaliste allemand, nous dessine le portrait d’une personnalité française de premier plan qui semble tout droit sortie des légendes gauloises.
Il est petit, malicieux, futé, jovial, téméraire. Les gros et les puissants ne lui font pas peur, bien au contraire. Signe particulier de reconnaissance : une belle moustache tombante. Qui est-ce ? Bien sûr, c’est Astérix, le chef de la résistance du village gaulois contre ces méchants Romains, surpuissants mais un peu balourds. La réponse semble bonne … mais c’est d’un Gaulois moderne dont je voulais parler : José Bové. Notre héros, petit et moustachu comme Astérix, se bat lui aussi contre les gros et les puissants de son pays et du monde entier. Ses armes : la fourche, la faux, le marteau, les poings – de préférence menottés, le tout devant des caméras de télévision du monde entier. Car notre agitateur national sait utiliser à merveille les médias. Et les médias adorent ce genre de client haut en couleurs, au verbe fort, doué pour la mise en scène dont l’acteur principal est précisément lui-même entouré d’une foule de figurants. Le syndicaliste paysan est - comme la plupart des révolutionnaires - d’origine bourgeoise. Il fait sa scolarité chez les Jésuites. En mai 68, il est viré du Collège. Sa carrière d’agitateur commence. Elle sera fulgurante. José rencontre un Gourou, découvre les réseaux anarchistes, libertaires non-violents, antimilitaristes, trotskistes, chrétiens de gauche. Il découvre la vie simple et rude des camarades paysans et s’installe avec sa compagne au Larzac, haut lieu du combat contre l’armée – qui veut agrandir ses champs de tirs précisément là ou José et ses camarades paysans veulent élever des brebis et produire du lait pour la fabrication de fromages bien de chez nous. José multiplie manifestations et actions. Avec la Confédération Paysanne – qui mobilise surtout les petits agriculteurs – il développe un syndicalisme très revendicatif et s’oppose au très puissant syndicat agricole FNSEA, trop proche du pouvoir. José part en guerre contre le productivisme à tout prix, le GATT, les essais nucléaires, les OGM, l’Amérique et la mondialisation. En août 1999, notre Astérix frappe un grand coup. L’Europe refuse d’importer du bœuf aux hormones. L’Amérique se fâche et surtaxe notre Roquefort. Erreur funeste : la réaction est à la mesure de l’affront. Notre Bové national va donner une bonne leçon à cette arrogante Amérique, qui veut nous empoisonner avec sa mal-bouffe tout en refusant nos bons fromages. Avec quelques camarades, il démolit un restaurant Mac Do en construction à Millau. Le procès qui s’ensuit mobilise une foule énorme et la presse internationale. Quelques semaines plus tard, Astérix débarque à Seattle avec -dans ses bagages - des kilos de roquefort interdit et contribue largement à faire échouer lamentablement le sommet de l’Organisation Mondiale du Commerce. Depuis, l’agité du Larzac n’a vraiment plus le temps de s’occuper de ses brebis. Le téléphone portable à la main, toujours entre deux avions, il court d’un sommet altermondialiste au forum des patrons à Davos, du Brésil au Japon en passant par l’Inde. Il signe son livre et donne des conférences. Fini le temps où il était infréquentable, on voit des hommes politiques courtiser la star des meetings contestataires. L’image d’Astérix ne suffit plus. Il faudrait ajouter Robin des Bois, Tarzan, Ghandi et Mère Thérésa… Va-t-il bientôt nous annoncer sa candidature à la présidence de la République ? Tremblez, bourgeois, suppôts du libéralisme et de la mondialisation ! José Bové va vous prouver « qu’un autre monde est possible «. Posté par Adriana Evangelizt
Sources : ARTE TV