José Bové, du Larzac à l'Elysée
José Bové, du Larzac à l'Elysée ?
par Matthieu Van Berchem
Le plus célèbre des arracheurs de maïs transgénique entre dans la bataille présidentielle. Un pavé dans la mare de gauche.
Entre Saint-Guilhem-le-Désert (Larzac) et la rue du Faubourg Saint-Honoré, José Bové a tranché. L'éleveur de brebis des Causses entre dans la course à l'Elysée après des années passées à mûrir son image d'opposant à la mondialisation, radical mais sympa, anticapitaliste quoiqu'ouvert au dialogue. La candidature de cet homme populaire risque de faire grincer quelques dents à la gauche du Parti socialiste, où l'on s'apprête à lancer ses pions dans la bataille.
«Je suis candidat à rassembler une gauche antilibérale, écologique, antiproductiviste et altermondialiste», affirme José Bové dans le quotidien Libération. «Anti», le paysan du Larzac l'est du fond du cœur. Il incarne même, depuis le démontage du restaurant McDo de Millau en 1999, la révolte contre la «globalisation libérale». Mais Bové n'est pas que cela. Il symbolise aussi, à travers son combat pour le roquefort par exemple, la résistance d'une France traditionnelle, agricole, menacée par les grands groupes alimentaires. Sous ses bacchantes bien gauloises, il porte les valeurs du «crû», tout en tissant l'«internationale» altermondialiste. C'est sa force.
Ses armes ne sont pas celles des politiciens de gauche. Ses priorités non plus. On l'a certes vu participer à des meetings du non au référendum sur la Constitution européenne, l'an dernier. Ses préoccupations pourtant sont moins sociales qu'environnementales, moins syndicales qu'antinucléaires. D'où un décalage avec le discours classique de la gauche dure – parti communiste et Ligue communiste révolutionnaire (LCR).
L'arracheur de maïs transgénique profite d'une brèche inespérée. La percée de Ségolène Royal, si elle se confirme, laisse à gauche une large place pour des candidatures plus virulentes. Avec la présidente de la région Poitou-Charentes, «c'est une droite du Parti socialiste qui est représentée», pointe José Bové. Il reste donc de l'espace pour ceux que l'«accompagnement du modèle libéral» ne satisfait pas.
Une foule à gauche de la gauche
Ses «amis» les Verts? Rayonnant à la fin des années 1990, le parti écologiste se morfond dans des querelles intestines. A l'issue d'un vote qui devait désigner le candidat vert à la présidentielle, deux voix seulement séparaient les anciens ministres Yves Cochet et Dominique Voynet. La primaire sera rejouée. Bové s'en frotte les mains, conscient que le parti est de plus en plus déconnecté de sa base électorale.
Reste la gauche communiste. Qui départagera Bové, Buffet (PC) et Besancenot (LCR)? L'idée d'une candidature unique a circulé quelque temps, soutenue par des militants exaspérés par la sempiternelle division de l'extrême gauche, fatigués par les logiques partisanes. Mais dans les coulisses, chacun défend ses couleurs.
Au milieu de cette foule, José Bové aura du mal à faire entendre son altérité.
Sources : 24 h Lausanne
Posté par Adriana Evangelizt